Bonjour, tu t’appelles Nicolette Cook, tu es comédienne-lectrice, autrice et tu sors ton dernier recueil de nouvelles Tourbillons aux Éditions Pneumatiques.

Peux-tu nous parler de ce titre, Tourbillons ?

Tourbillons… Un tourbillon, c’est un coup de vent qui nous fait tourner sur nous-même. Un bon gros coup de vent, qui nous fait tourner sur nous-même mais qui nous fait pas forcément tomber ! Mais par contre, ça décoiffe. C’est-à-dire qu’une fois qu’on a fait un tour sur nous même, que le chapeau est parti, on n’est pas tout à fait le même. Donc, c’est pas un ouragan, c’est pas un gros coup d’orage, c’est un imprévu. Un imprévu qui nous force à regarder autrement. On ne regardait pas pareil avant le tourbillon, avant qu’on soit pris dedans.

 

Quel sont les thèmes qui traversent ton recueil ?

C’est une série d’histoires où les personnages sont un peu perdus, pas tous de la même façon, ils sont un peu perdus face à la vie, et ils essayent de décrypter le réel. En fait, c’est jamais ce qu’ils croient. Ils arrivent toujours à une conclusion qui leur montre qu’en fait, ils se sont trompés, mais pourquoi pas, ils aiment bien la nouvelle version. Il y a toujours une incompréhension du réel, ils ne sont pas armés. Donc ils apprennent… avec des tourbillons… qui les décoiffent.

 

Du coup, c’est une sorte de vision de la vie ? De comment les gens marchent. Essayer de donner un peu une photographie, un aperçu, de la vie.

Je ne dirais pas que c’est une photographie de La Vie, mais en tout cas c’est celle des personnages que je raconte. Des personnages qui sont un peu secoués, mais qui résistent, qui en fait existent grâce à cette rencontre avec la réalité. Ils ne sont pas très sûrs d’avoir de la consistance eux-mêmes. Il leur faut les autres pour gagner de la consistance. Leur propre réalité, ce sont les autres qui la racontent. Ils ont une forme d’innocence, une forme d’enfance. Jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’ils sont une part des autres et que les autres sont une part d’eux-mêmes et du coup, ça se met à fonctionner. Autrement, mais ça fonctionne.

 

Est-ce que tu peux parler de l’importance des détails pour toi ?

Ces personnages, tout ce sur quoi ils peuvent s’appuyer, c’est le réel. Comme ils ne peuvent pas faire confiance à leurs perceptions, les objets, les couleurs, les paysages, tout ce qui les entoure les aide. Donc c’est très important pour moi qu’il y ait  des descriptions, des repères dans le réel. Et que ce soit précis, parce que c’est ça qui donne du sens à leurs propres existences. Eux, ils sont un peu flous, donc il faut bien qu’ils s’appuient sur des choses concrètes. L’écriture, elle marche comme ça aussi.

 

Comment tu conçois les nouvelles qui sont un genre assez particulier.

La façon dont j’aborde l’écriture de la nouvelle… Comment ça vient ? En fait, c’est souvent d’un éclat du réel, ça peut être un paysage, ça peut être une couleur, ça peut être une sensation, et  la nouvelle va se fabriquer en tournant autour de cet éclat-là, de ce petit bout de réalité. L’histoire va se fabriquer dans le but d’élucider cette petite chose qui est à la base de l’histoire. Comme dans les nouvelles généralement, la chute permet d’éclairer tout le récit.

 

Et même dans Tourbillons, la dernière nouvelle permet de comprendre le recueil.

Dans ton livre, certaines histoires ne se finissent pas à la fin de vie des personnages, on ne sait pas forcément ce qu’ils vont devenir, comment tu choisis à quel moment finir tes textes ?

Une fois que ce petit morceau que j’appelle un éclat a été exploré. Après, le personnage continue, ou meurt, ou fait autre chose… Il y aura d’autres éclats, d’autres tourbillons dans sa vie, mais ce qui m’intéresse, c’est de voir comment il est modifié par ce qui vient de se passer dans son existence. Donc après, c’est pas fini… C’est pas fini, mais cette exploration-là est terminée.

 

Tu parles aussi beaucoup de luttes, dans Tourbillons. De révoltes, même silencieuses.

Il faut avoir un sacré instinct de survie pour résister aux choses, c’est ce qu’ils ont tous, les personnages. Ils résistent à leur façon. D’abord, ils résistent en ne comprenant rien, c’est une façon de bien résister… Une fois qu’ils ont compris que ce n’était pas ce qu’ils croyaient, ben, ils trouvent une autre force pour résister autrement, et jusqu’au bout ils sont debout, ils ne tombent pas.

 

Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions

Merci.